« Je n’y arriverai jamais… »

 » … malgré tous mes efforts ».

« … malgré tout le temps et l’énergie que j’investis. « 

« …je ne suis pas à la hauteur. »

« … il est trop compliqué.  »

« … je ne le comprendrai jamais.  »

La liste est longue de croyances qui découlent d’une situation équestre qui semble ne pas trouver son happy end.

Cette phrase est sortie hier en séance avec S. et B. Et je la connais aussi personnellement. Comme lorsqu’un cheval se trouve face à un stress, le cavalier qui se retrouve dans la situation de découragement, d’impuissance ou de dévalorisation a plusieurs réponses possibles : la fuite, l’affrontement ou l’inhibition. J’ai plus souvent observé des réponses de fuite ou d’affrontement que d’inhibition.

La fuite peut s’exprimer en fuyant les situations compliqués ( exemple : mon cheval a peur dehors, je ne vais plus en extérieur, ou, mon cheval a des comportements gênants voire dangereux, je vais le vendre … ). Il y a également l’affrontement qui peut s’exprimer par une forme de colère, de révolte ou de détermination après le découragement et qui va consister à déployer encore une autre énergie, dans d’autres directions pour aller au coeur du problème, tout en écoutant les limites exprimées par soi mais aussi par le cheval ( exemple : mon cheval est agité quand il s’éloigne de ses congénères, je vais renforcer notre relation pour, pas à pas, le sortir de sa zone de confort d’une manière à ce que cela reste gérable pour lui, ou, mon cheval a peur d’aller dehors, je vais développer la confiance en lui et en moi au travers multiples situations qui lui permettront de trouver des repères sécurisants face à ce qui l’effraie. )

Ce qui m’a sauté aux yeux pendant que S. me partageait son ressenti, son découragement, c’est ce que je souhaitais vous partager : en tant que cavalier, on oublie parfois que l’on forme une équipe avec le cheval. Une croyance insidieuse nous fait croire qu’en étant le moteur de la relation ( le cheval n’enfile pas son licol ou son filet tout seul pour aller en extérieur ou en carrière, enfin, c’est sans compter sur Bellina, mais là n’est pas le sujet ! ), cette relation doit aller à notre rythme ( même si notre rythme inclut la plupart du temps celui du cheval, a priori).

Pendant des mois, des années, certains de nos chevaux vont nous donner l’illusion que quoi qu’on leur propose, c’est ok, que les objectifs que nous nous étions fixés en les adoptant étaient à porter de main dans un temps plus ou moins long, que nos seules limites seraient les nôtres en quelques sortes, que la progression est palpable. On s’accorde tous, plus ou moins, à envisager de s’adapter à notre cheval, chacun à notre manière, mais, lorsque tout ne se déroule pas comme « prévu », quand le résultat n’est pas en adéquation avec le  » travail » fourni en amont, nous déchantons.

Il est humain et même nécessaire à mon sens d’avoir des envies, des attentes, des objectifs, mais si ils sont trop figés, trop peu souples, la déception peut être au rendez-vous.

Cela m’a donné le besoin de me rappeler que  » seul on va plus vite, mais à plusieurs on va plus loin ». Et sans nul doute, je pense que c’est là que nos chevaux nous emmènent, plus loin.

Les cavaliers avec qui je travaille sont partisans de la lenteur, de la pérennité, du respect de leur cheval, de la progression raisonnée, mais, comme moi, ils ont tous un seuil où on se retrouve parfois face à un mur. Ce que l’on ignore, c’est que le mur fait partie de la progression !

Je suis bien placée pour en parler car j’ai un objectif très clair qui va à B, mais mes chevaux m’ont jusqu’ici plutôt emmenés vers toutes les lettres de l’alphabet sauf B ! Et ça fait des années que ça dure lol. Je pourrais changer mon objectif de vue, l’adapter, et c’est une réponse possible. Je fais le choix pour l’instant de garder B comme objectif, en ayant pleinement admis que pour arriver à B, je dois passer par C, D, F, R et cie.

Personnellement comme professionnellement, c’est ce qui m’a amenée à vivre des rencontres et des expériences incroyables.

Ce que je veux dire par tout cela, c’est que quelque soit le mur qui se dresse devant nous, je suis persuadée d’une chose, on est à la hauteur pour le franchir, seulement, comme on avait pas imaginé d’autres chemins pour atteindre notre objectif, ce mur est là pour nous faire prendre une autre direction, non pas nous éloignant de notre objectif, mais nous en rapprochant d’une manière qu’on avait pas envisagé auparavant.

Et formant un couple, un duo avec le cheval, nous devons garder à l’esprit que notre rythme n’est pas le leur, que leurs difficultés, leurs stratégies comportementales comme physiques, parfois énigmatiques, font partie intégrante de l’entité que nous formons avec eux, que tout n’est pas sous notre contrôle.

C’est face à un mur que l’on peut changer de perspective, de point de vue, de stratégies. Comme le cheval dans la difficulté qu’il nous fait vivre, lui et nous devons enrichir notre stratégie, la compléter, la transformer pour voir de nouvelles portes s’ouvrir, continuer à avancer, s’enrichir de ce qu’il nous propose d’explorer.

Je suis persuadée qu’on ne rencontre que des défis que nous sommes capables d’affronter, de dépasser.

Et vous, quels défis, quel mur s’est érigé devant vous ? Vos objectifs s’en sont-ils trouvés modifiés ?

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