Qui dois-je être dans la relation ?

En train d’écrire l’un des chapitres de la formation en ligne sur la communication, je suis à nouveau amenée à m’interroger sur les notions de leader / suiveur / dominant et compagnie. Il y a encore quelque chose qui me chafouine dans tous ces termes et le sens qu’on leur donne. On utilise encore trop souvent les termes de dominant / dominé chez le cheval. D’un côté je comprend pourquoi dans la mesure où on part du principe que l’on observe nos chevaux sur une très courte durée dans leur journée, mais dans la réalité, ces termes n’ont réellement aucun sens.

photo par Clémentine Le Gall

Ma réflexion est nourrie par un article de alter-equus, article basé sur des résultats scientifiques, ce qui n’est pas du tout le cas du mien, soyons d’accord. Une étude sur deux hordes de chevaux met en lumière que le leadership n’est pas détenu par un individu. Ok, cool, ça correspond à ce que j’observe dans mon troupeau.

J’ai eu une discussion il y a peu de temps avec une enseignante équestre très expérimentée et très fine à qui je partageai mes questionnements, surtout concernant Arriado. J’ai longtemps considéré qu’il était un suiveur. Cheval très passif, peu enclin au mouvement dans son quotidien comme dans le travail, souvent chassé par ses congénères, mais pas tous, et à la fois très très indépendant, pas du tout grégaire.

Cette enseignante me partageait l’idée que le leader est celui qui obtient des « oui ». Mmmmh … C’est à nouveau une réponse qui ne trouve pas sens dans mon quotidien.

Alors, j’écris mon fameux chapitre où je parle du leader / l’assertif, du directif ( pas le dominant mais celui qui a un impact sur les autres par le renforcement négatif ) et le suiveur. Quelque part, si j’observe bien Arriado, oui, il est parfois suiveur, mais rarement en réalité. Il me fait plutôt penser à  » il est son propre leader », en fait ! Bizarre dit comme ça, mais il va à son rythme, il n’attend pas les autres pour assouvir ses besoins, s’il est occupé à une activité, il ne va pas forcément l’interrompre si les autres s’éloignent ou en changent et parfois, il lui arrive de menacer Kioui ou Bellicina pour aller au foin. Bon, alors, Arriado qui es-tu ?

Et si, je dis bien et si, chaque individu était les 3 ?

Et si, au cours d’une même journée, un même cheval pouvait être directif, leader ( ou auto-leader ) et suiveur ? Et si ça changeait toute la donne dans le travail ? Dans la relation homme cheval ? Dans notre positionnement ? Et si on décidait que nous aussi, dans la relation avec le cheval, on était, selon l’instant, l’un ou l’autre ? Et si on continuait de faire voler ce concept de dominant avec le cheval ?

Ce questionnement est corrélé à la relation que j’ai depuis quelques semaines avec Arriado. Je travaille mes chevaux beaucoup en renforcement négatif et pas mal en renforcement positif. Mais Arriado s’est mis à ne plus vouloir entendre parler du renforcement négatif, du directif. Au point qu’en lui mettant le licol, il ne voulait plus avancer, il s’inhibait, se figeait : « NON ». Non, je ne te suivrais pas, non je ne céderai pas à la pression. Alors biensûr, si j’insistais ou que j’attendais, il venait, mais une fois, deux fois, à chaque fois !!! J’ai fait le choix de remettre tout en question du coup. Il ne s’était pourtant rien passé de particulier, mis à part qu’au fil de ces derniers mois, je le travaillais beaucoup dans le mouvement en avant et la gymnastique ( car il en avait besoin ) et que de séance en séance, je ne voyais pas son corps ou sa motivation s’améliorer plus que ça. Et si il avait décidé de ne plus suivre ? De ne plus céder au directif ? J’ai pris ça comme un rejet du renforcement négatif et j’ai lancé un grand reset de notre communication via le renforcement positif. Et là, petit cheval transformé. Il a le choix, il cherche, il propose, il s’arrête aussi parfois pour faire sa pub … etc …

Alors tout ça combiné, ne serait-il pas venu le temps où le directif laisse la place à l’assertif, où l’humain devient tantôt suiveur des propositions, des rythmes de son cheval, tantôt directif quand la situation le nécessite, et tantôt leader, laissant un espace de choix à chacun ?

Et si chaque cheval n’avait pas besoin des mêmes « ratio » leader / directif / suiveur ?

Par exemple, Sca, si je lui propose du renforcement positif, il s’en va si il doit chercher une autre réponse que celles qu’il connaît déjà ! Le vent que je me suis pris quand je l’ai  » chargé » et que, passé les jambettes, il fallait enrichir les comportements ! ok on repassera. Mais j’ai d’autres moyens, grâce à Claire 😉 , de ne pas être que dans le directif ( et ça change la vie ! ) et ceux là, il les valide.

Bref, encore une bonne raison de laisser tomber les étiquettes, les cases, car y’a pas moyen, personnes ne rentrent dedans en réalité …

Si vous souhaitez enrichir ma réflexion avec vos propres observations, scientifiques ou empiriques, je suis preneuse.

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