Scarento, le chevalier

Scarento, né en 2005, Pur sang Anglais dont la carrière fut courte dans le monde des courses est un cocktail surprenant de tolérance, de courage, de flexibilité qui a appris à exprimer ses limites car il ne savait pas, pendant longtemps, qu’il avait le devoir de le faire.

Malgré son manque de force dans le rein et les jarrets, sa souplesse lui offre de se mobiliser avec aisance dans les trois dimensions et son adaptabilité émotionnelle me laisse la porte ouverte pour lui prouver que le travail avec l’humain lui est aussi profitable qu’aux humains qu’il approche. Mais il choisit avec parcimonie ces instants où il offre son flegme et son attention à un bipède, et c’est toujours avec engagement et soin.

Il y a encore deux ans, le travail en cordelette comme en liberté était inconcevable. Laissé  » à lui-même » avec un humain qui le fixe et gigote dans l’espace de travail le mettait dans une fuite en avant mêlant incompréhensions, doutes et inconforts.

Aujourd’hui, il offre une connexion assidue et détendue en liberté comme monté, ce qui nous permet de laisser libre cours à son organisation locomotrice et mentale et m’offre d’en apprendre plus sur ses capacités du moment et de les prendre en compte.

D’un cheval effacé dans les relations sociales, joueur mais ne prenant pas sa place, j’ai assisté à sa transformation au sein du troupeau, passant d’un suiveur anxieux, peu sûr de lui, à celui qui est maintenant le premier à assouvir ses besoins et ne manque pas de tact, qu’il s’agisse d’expliquer à Idéale la pouliche quelles sont les limites, ou de s’interposer dans un conflit entre un grand gaillard virulent et un jeune cheval acculé.

Le leadership passif incarné. Il est détermination, clarté, cohérence, rigueur, justesse et bienveillance.

Seule Bellina le préoccupe, et le reste du troupeau le suit naturellement. Il me montre qu’en exprimant clairement nos besoins sans abus, nous servons le troupeau tout entier.

A cheval, il invite à combiner énergie et équilibre avec clarté, détermination et cohérence globale.

Scarento, dit Sca, m’a appris que le travail du cheval pouvait lui apporter la confiance en lui, sa valorisation en respectant son rythme, que l’on peut réconcilier un cheval avec l’humain en cherchant « sa » porte d’entrée ( il y en a de nombreuses ), que l’on peut faire adhérer un cheval à son travail, le rendre participatif bien qu’on l’ai convaincu toute sa vie passée du contraire et que prendre sa place rend service à tout le monde.

Sa morphologie m’a permis de déployer les ressources pour que son corps extrêmement souple gagne en densité et en tenue et que l’on peut donner goût au travail à un cheval par des moyens étonnants. Ce qui nous semblerait difficile pour eux à donner peut étonnamment être bien plus facile et valorisant que l’on pourrait le croire.